Deportivo, c'est un
de ces quelques groupes qui ne se définissent par rien d'autre que
« rock français », les héritiers les plus proches de Noir Désir aux côtés de Luke et d'Eiffel. Ce trio ne peut être assimilé à
aucun sous-genre du rock français au sens le plus large, pas au métal malgré
l'usage ponctuel de double-pédale à la batterie et quelques
hurlements du leader sur certains titres, ni au rock-électro malgré
les nappes de synthés qui recouvrent les chansons des deux derniers
albums, ni à de la pop malgré les guitares acoustiques
régulièrement sorties. Juste un rock influencé par des groupes
dont on a l'habitude de retrouver l'empreinte dans le rock français
(Nirvana venant en tête (ils ont l'habitude de jouer Territorial pissings en live)), habitué des refrains qui restent dans la
tête et des compositions courtes et efficaces.
Le premier album,
Parmi eux (sorti en 2004), fonctionne le plus simplement possible :
la moitié des morceaux utilisent basse, batterie et une guitare
électrique très saturée et sont joués à une cadence infernale,
l'autre moitié la même chose mais en remplaçant la guitare
électrique par une acoustique et en ralentissant considérablement
le tempo. Les deux catégories s'écoutent aussi bien l'une que
l'autre, mais on retient en général beaucoup plus la première
(d'ailleurs, ils jouent très peu de leurs chansons aux arrangements
les plus acoustiques en live, et leurs chansons les plus populaires,
sur cet album, ne sont que des chansons brutales, rapides, énervées.
On peut faire
énormément de reproches à cet album. Les paroles sont extrêmement
simples, et en général ne veulent rien dire, mais ce côté-là est
vraiment assumé par le groupe : Deportivo cherche à faire de
la musique, et les paroles (dont la moitié sont chantées en
anglais) ne sont qu'un prétexte. Le problème est que justement,
Deportivo va droit à l'essentiel, et en général trop. L'album
manque de subtilité à tout point de vue : la différence entre
chansons calme et reposante et chansons de rock le plus bourrin
possible est bien trop marquée, et l'album en perd en équilibre.
Les deux types de morceaux sont très simplistes, se limitant la
plupart du temps à deux couplets de quelques courtes phrases
expédiés à toute vitesse pour laisser la place au refrain aussi
rapidement que possible, avec beaucoup plus de passages instrumentaux
que chantés. L'album fait en tout une demi-heure dans sa version la
plus longue, un peu plus de 25 minutes sans les deux titres bonus, et
plusieurs titres font moins de deux minutes.
Un album qui
contient donc d'excellentes chansons, un son maîtrisé, et qui
exprime une colère très bien transcrite sur les nombreuses chansons
brutes et énervées que sont Roma, l'énorme Paratonnerre, Wait a
little while, Queen of universe ou 1000 moi-même, mais qui prend
assez peu de risques et dont les chansons ont du mal à se
différencier les unes des autres. L'album reste très bon, et est
bien porté par le principal single, Parmi eux. On note aussi la
virtuosité du batteur, remarquable en live (sur Paratonnerre,
particulièrement).
L'album éponyme
sorti en 2007 porte la même marque, mais l'ensemble est beaucoup
moins impulsif. La moyenne de durée des chansons s'allonge un peu,
le son est un peu plus soigné, la basse plus audible (Ne le dis à
personne…), les structures et les rythmes se démarquent les uns
des autres (on n'a plus la même suite de quatre accords sur tous les
morceaux comme c'était le cas sur Parmi eux)… Le groupe canalise
la colère qui le caractérisait et la réserve pour quelques pistes
plus proches des sons de Parmi eux : En ouvrant la porte, La
colline, et surtout La brise, chanson taillée pour la scène au clip
plutôt réussi.
On retient surtout
de cet album la collaboration avec Arnaud Samuel (violoniste de
Louise Attaque et Tarmac), Les bières aujourd'hui s'ouvrent
manuellement, reprise d'une chanson de Miossec sur un air beaucoup
plus rock.
Le disque est
globalement plus posé que le précédent, mais le changement est
loin d'être aussi extrême qu'entre celui-ci et Ivres et débutants
(2011).
Ivres et débutants
s'ouvre sur une chanson que personnellement je n'aime pas (Fais-moi
comprendre), et qui tranche complètement avec les deux précédents
albums. La guitare n'est presque pas saturée, la basse a un son
beaucoup plus doux, et le batteur a considérablement calmé et le
rythme et le volume de son jeu. Mais ce qui saute aux yeux (aux
oreilles du coup), c'est les notes de synthés qui sont au premier
plan avec le chant.
Pochette du single Ivres et débutants |
Les chansons
suivantes sont toutes remarquables, malgré l'abus occasionnel des
claviers qui encombrent certaines pistes. Ivres et débutants est
excellente et beaucoup plus originale que ce qu'a composé le groupe
auparavant. Le brillant solo de guitare d'Intrépide suffit à faire
du morceau un incontournable de l'album, Au milieu est témoin d'un
usage intelligent des claviers qui donnent un aspect unique à la
chanson, entre musique de jeu vidéo et chanson d'amour… L'hymne
glorieux de Au saut du lit, l'adieu final de C'était cool :
Ivres et débutants est un grand album, de part sa qualité autant
que son originalité. C'est juste dommage que les fans et donc les
ventes n'aient pas suivis, ce qui a poussé Barclay à virer le
groupe.
Du coup l'album
suivant est produit avec leur propre label, Titanic Records. Et il
n'apporte rien de nouveau. Encore plus de synthés, un peu plus de
guitares, le tout vidé de l'esprit rock n'roll de Deportivo. On a de
la grosse batterie, des guitares électriques, certes, mais
l'arrangement donne beaucoup trop d'importance au synthé par rapport
au précédent opus. Sur le morceau Dans ta
chambre, par exemple, il
est difficile de tenir jusqu'au refrain tant les couplets sont
surchargés de sons électroniques pas particulièrement jolis, alors
que le refrain lui-même mérite qu'on s'y attarde. Le tout est très
« light », les guitares ont un son beaucoup trop clair,
le clavier est souvent superflu, même les paroles se sont adoucies
par rapport aux débuts de Deportivo. L'album est quand même digne
d'être écouté, surtout pour Impossible, Dans ta chambre, Toutes
les choses et les premières notes de Chez toi.
Deportivo a promis
un certain retour aux sources pour leur futur proche, ils ont déjà
repris leur formation originelle sur scène pour fêter les 10 ans de
Parmi eux, abandonnant provisoirement un guitariste supplémentaire
et un claviériste. Aucun album n'est programmé pour l'instant, mais
le groupe est déterminé à continuer sa route.
Infos sur le groupe :
Line-up : Jérôme Coudanne au chant et à la guitare, Richard Magnac à la basse et aux chœurs, Julien Bonnet à la batterie, aux chœurs (et de temps en temps au kazoo)
Albums :
Parmi eux (2004)
Deportivo (2007)
Ivres et débutants (2011)
Domino (2013)
Plus un EP en 2003 appelé La salade.
Site officiel de Deportivo
Infos sur le groupe :
Line-up : Jérôme Coudanne au chant et à la guitare, Richard Magnac à la basse et aux chœurs, Julien Bonnet à la batterie, aux chœurs (et de temps en temps au kazoo)
Albums :
Parmi eux (2004)
Deportivo (2007)
Ivres et débutants (2011)
Domino (2013)
Plus un EP en 2003 appelé La salade.
Site officiel de Deportivo
Roooh, t'es pas sympa sur Parmi Eux, elles sont cools leurs paroles ! Elles veulent rien dire c'est l'intérêt ! C'est pas qu'ils s'en fichent des paroles, c'est qu'ils s'en fichent si elles ne veulent rien dire. Et puis, franchement, elles sont parfaites à gueuler en dansant comme un con. x)
RépondreSupprimerPour le reste, belle chronique ! Détaillée, argumentée, personnelle mais pas trop, tout ça. J'ajouterais juste une petite présentation des membres du groupes perso, mais sinon, j'approuve ^^
(Histoire de me la péter, je précise que je les ai vus en concert. Deux fois. :D)
J'aime vraiment pas les paroles X)
SupprimerMerci bôcoup ! Pour la présentation du groupe, j'ai pas trouvé autre chose que leurs noms et quelques interviews mais l'article était déjà assez long et ça avait peu d'intérêt du coup.
(Et moi j'ai vu Mademoiselle K qui sera l'objet de ma prochaine chronique !)