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jeudi 3 septembre 2015

Deportivo (chronique complète)

Deportivo, c'est un de ces quelques groupes qui ne se définissent par rien d'autre que « rock français », les héritiers les plus proches de Noir Désir aux côtés de Luke et d'Eiffel. Ce trio ne peut être assimilé à aucun sous-genre du rock français au sens le plus large, pas au métal malgré l'usage ponctuel de double-pédale à la batterie et quelques hurlements du leader sur certains titres, ni au rock-électro malgré les nappes de synthés qui recouvrent les chansons des deux derniers albums, ni à de la pop malgré les guitares acoustiques régulièrement sorties. Juste un rock influencé par des groupes dont on a l'habitude de retrouver l'empreinte dans le rock français (Nirvana venant en tête (ils ont l'habitude de jouer Territorial pissings en live)), habitué des refrains qui restent dans la tête et des compositions courtes et efficaces.





Le premier album, Parmi eux (sorti en 2004), fonctionne le plus simplement possible : la moitié des morceaux utilisent basse, batterie et une guitare électrique très saturée et sont joués à une cadence infernale, l'autre moitié la même chose mais en remplaçant la guitare électrique par une acoustique et en ralentissant considérablement le tempo. Les deux catégories s'écoutent aussi bien l'une que l'autre, mais on retient en général beaucoup plus la première (d'ailleurs, ils jouent très peu de leurs chansons aux arrangements les plus acoustiques en live, et leurs chansons les plus populaires, sur cet album, ne sont que des chansons brutales, rapides, énervées.

On peut faire énormément de reproches à cet album. Les paroles sont extrêmement simples, et en général ne veulent rien dire, mais ce côté-là est vraiment assumé par le groupe : Deportivo cherche à faire de la musique, et les paroles (dont la moitié sont chantées en anglais) ne sont qu'un prétexte. Le problème est que justement, Deportivo va droit à l'essentiel, et en général trop. L'album manque de subtilité à tout point de vue : la différence entre chansons calme et reposante et chansons de rock le plus bourrin possible est bien trop marquée, et l'album en perd en équilibre. Les deux types de morceaux sont très simplistes, se limitant la plupart du temps à deux couplets de quelques courtes phrases expédiés à toute vitesse pour laisser la place au refrain aussi rapidement que possible, avec beaucoup plus de passages instrumentaux que chantés. L'album fait en tout une demi-heure dans sa version la plus longue, un peu plus de 25 minutes sans les deux titres bonus, et plusieurs titres font moins de deux minutes.
Un album qui contient donc d'excellentes chansons, un son maîtrisé, et qui exprime une colère très bien transcrite sur les nombreuses chansons brutes et énervées que sont Roma, l'énorme Paratonnerre, Wait a little while, Queen of universe ou 1000 moi-même, mais qui prend assez peu de risques et dont les chansons ont du mal à se différencier les unes des autres. L'album reste très bon, et est bien porté par le principal single, Parmi eux. On note aussi la virtuosité du batteur, remarquable en live (sur Paratonnerre, particulièrement).

L'album éponyme sorti en 2007 porte la même marque, mais l'ensemble est beaucoup moins impulsif. La moyenne de durée des chansons s'allonge un peu, le son est un peu plus soigné, la basse plus audible (Ne le dis à personne…), les structures et les rythmes se démarquent les uns des autres (on n'a plus la même suite de quatre accords sur tous les morceaux comme c'était le cas sur Parmi eux)… Le groupe canalise la colère qui le caractérisait et la réserve pour quelques pistes plus proches des sons de Parmi eux : En ouvrant la porte, La colline, et surtout La brise, chanson taillée pour la scène au clip plutôt réussi.
On retient surtout de cet album la collaboration avec Arnaud Samuel (violoniste de Louise Attaque et Tarmac), Les bières aujourd'hui s'ouvrent manuellement, reprise d'une chanson de Miossec sur un air beaucoup plus rock.
Le disque est globalement plus posé que le précédent, mais le changement est loin d'être aussi extrême qu'entre celui-ci et Ivres et débutants (2011).

Ivres et débutants s'ouvre sur une chanson que personnellement je n'aime pas (Fais-moi comprendre), et qui tranche complètement avec les deux précédents albums. La guitare n'est presque pas saturée, la basse a un son beaucoup plus doux, et le batteur a considérablement calmé et le rythme et le volume de son jeu. Mais ce qui saute aux yeux (aux oreilles du coup), c'est les notes de synthés qui sont au premier plan avec le chant.
Pochette du single Ivres et débutants
Les chansons suivantes sont toutes remarquables, malgré l'abus occasionnel des claviers qui encombrent certaines pistes. Ivres et débutants est excellente et beaucoup plus originale que ce qu'a composé le groupe auparavant. Le brillant solo de guitare d'Intrépide suffit à faire du morceau un incontournable de l'album, Au milieu est témoin d'un usage intelligent des claviers qui donnent un aspect unique à la chanson, entre musique de jeu vidéo et chanson d'amour… L'hymne glorieux de Au saut du lit, l'adieu final de C'était cool : Ivres et débutants est un grand album, de part sa qualité autant que son originalité. C'est juste dommage que les fans et donc les ventes n'aient pas suivis, ce qui a poussé Barclay à virer le groupe.


Du coup l'album suivant est produit avec leur propre label, Titanic Records. Et il n'apporte rien de nouveau. Encore plus de synthés, un peu plus de guitares, le tout vidé de l'esprit rock n'roll de Deportivo. On a de la grosse batterie, des guitares électriques, certes, mais l'arrangement donne beaucoup trop d'importance au synthé par rapport au précédent opus. Sur le morceau Dans ta
chambre, par exemple, il est difficile de tenir jusqu'au refrain tant les couplets sont surchargés de sons électroniques pas particulièrement jolis, alors que le refrain lui-même mérite qu'on s'y attarde. Le tout est très « light », les guitares ont un son beaucoup trop clair, le clavier est souvent superflu, même les paroles se sont adoucies par rapport aux débuts de Deportivo. L'album est quand même digne d'être écouté, surtout pour Impossible, Dans ta chambre, Toutes les choses et les premières notes de Chez toi.


Deportivo a promis un certain retour aux sources pour leur futur proche, ils ont déjà repris leur formation originelle sur scène pour fêter les 10 ans de Parmi eux, abandonnant provisoirement un guitariste supplémentaire et un claviériste. Aucun album n'est programmé pour l'instant, mais le groupe est déterminé à continuer sa route.




Infos sur le groupe :
Line-up : Jérôme Coudanne au chant et à la guitare, Richard Magnac à la basse et aux chœurs, Julien Bonnet à la batterie, aux chœurs (et de temps en temps au kazoo)
Albums :
Parmi eux (2004)
Deportivo (2007)
Ivres et débutants (2011)
Domino (2013)

Plus un EP en 2003 appelé La salade.


 Site officiel de Deportivo





































2 commentaires:

  1. Roooh, t'es pas sympa sur Parmi Eux, elles sont cools leurs paroles ! Elles veulent rien dire c'est l'intérêt ! C'est pas qu'ils s'en fichent des paroles, c'est qu'ils s'en fichent si elles ne veulent rien dire. Et puis, franchement, elles sont parfaites à gueuler en dansant comme un con. x)
    Pour le reste, belle chronique ! Détaillée, argumentée, personnelle mais pas trop, tout ça. J'ajouterais juste une petite présentation des membres du groupes perso, mais sinon, j'approuve ^^
    (Histoire de me la péter, je précise que je les ai vus en concert. Deux fois. :D)

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    Réponses
    1. J'aime vraiment pas les paroles X)
      Merci bôcoup ! Pour la présentation du groupe, j'ai pas trouvé autre chose que leurs noms et quelques interviews mais l'article était déjà assez long et ça avait peu d'intérêt du coup.
      (Et moi j'ai vu Mademoiselle K qui sera l'objet de ma prochaine chronique !)

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